Ce que vos enfants regardent à la télévision
Pour les moins de 4 ans :
Les mesures d’audience des programmes télévisés réalisées par les instituts spécialisés n’intègrent pas les enfants de moins de 4 ans. Cela ne signifie pas que ces derniers ne regardent pas la télévision. Bien au contraire, ils sont bien souvent présents lorsque la télévision est allumée et que les adultes la regardent. Ils sont alors sollicités et stimulés, malgré eux, par ce flot d’images et de sons.
Pour les 4-10 ans :
En 2009, dans le palmarès des 10 programmes les plus regardés par les 4-10 ans, huit programmes sont des émissions de téléréalité.
Parmi les 100 programmes les plus regardés par les 4-10 ans en 2009, 43 sont des journaux télévisés ; les enfants ont le droit à l’information, c’est-à-dire le droit d’accéder à une information adaptée à leur âge mais bien souvent, l’information généraliste des journaux télévisés n’est pas adaptée à leur sensibilité et peut les angoisser.
La consommation TV par genre chez les enfants de 4-10 ans consacre, sans surprise, les programmes « jeunesse » (20,8 %), suivis par la fiction (films de cinéma, téléfilms, séries, feuilletons et pièces de théâtre), (13%), les émissions de divertissement et de téléréalité (12,2%), le sport (10,9 %), l’information (10,3 %) et enfin les programmes culturels (4,1 %).
(Source : MMW-Médiamétrie)
Pour les 11-14 ans :
En 2009, dans le palmarès des 10 programmes les plus regardés par les 11-14 ans, sept programmes sont des émissions de téléréalité. Figurent également les fictions (une œuvre cinématographique et une œuvre télévisuelle) et un programme de divertissement musical.
Chez les 11-14 ans, le palmarès des genres les plus consommés est légèrement différent de celui des enfants de 4-10 ans. Eux-aussi plébiscitent en premier lieu les émissions jeunesse (16,2 %), suivis des émissions de divertissement (dont les émissions de téléréalité), (15,5 %), le sport (14,1 %), les fictions (13,3 %), les émissions d’information (10,7 %) et enfin les programmes culturels (4,4 %).
(Source : MMW-Médiamétrie)
En 2009, les 4 à 10 ans ont regardé plus longtemps la télévision que les 11-14 ans (2 h 12 min contre 2 h 09 min) et leur consommation a progressé de 7 minutes depuis 2000 alors que celle des 11-14 ans a diminué de 12 minutes.
La durée d’écoute des 4-10 ans abonnés à une offre élargie (chaînes thématiques payantes, chaînes de la télévision numérique terrestre, chaînes régionales, locales et étrangères) s’élevait même à 2 h 29 en 2008, soit 16 minutes de plus que pour les enfants accédant à une offre restreinte (sept chaînes « historiques » gratuites).
(Source : Médiamat-Médiamétrie)
La télévision n’est pas adaptée aux enfants de moins de 3 ans
Avant trois ans, l’enfant se construit en agissant, alors que la télévision risque de l’enfermer dans un statut de spectateur à un moment où il doit apprendre à devenir acteur du monde qui l’entoure.
En revanche, après trois ans, le fait de regarder des émissions adaptées à vocation éducative, avec l’accord des parents, peut stimuler certaines capacités de l’enfant comme la mémoire ou la reconnaissance des lettres de l’alphabet.
Selon les professionnels, seuls les programmes pour enfants peuvent être regardés par ces derniers avant l’âge de 8 ans.
La durée et le mode de consommation de la télévision, ainsi que le type de programme et les horaires de visionnage doivent également être adaptés à l’âge de l’enfant. Par exemple, le visionnage de 10 minutes de programmes représente déjà un temps de concentration élevé pour un tout-petit. Entre 3 et 6 ans, il est conseillé de privilégier des sessions courtes de visionnage, avec la possibilité de revoir plusieurs fois le même programme afin de comprendre l’action et les intentions des personnages, ce que ne permet pas le fait de « zapper » entre plusieurs émissions.
Respectons les signaux de protection
La signalétique jeunesse est là pour vous aider à adapter les programmes à l’âge de vos enfants. Il est nécessaire de leur faire comprendre l’importance de la signalétique en lui disant qu’il vous arrive à vous aussi de pouvoir être choqué par certaines choses et que vous ne voulez pas qu’il le soit.
La télévision et le développement de l’enfant de moins de 3 ans
« Le bébé ne comprend pas, il ressent ! Un peu comme une éponge, il absorbe et s’imprègne de tout ce qui l’entoure. » (Qu’est-ce qu’il y a à la télé ?, Dr Claude Allard et Cécile Dollé, Albin Michel).
Le développement d’un jeune enfant passe par la motricité et la capacité à interagir avec les adultes qui l’entourent et avec les objets qu’il rencontre. Il existe plusieurs étapes dans le développement de l’enfant de moins de trois ans : le bébé est d’abord attiré par tout ce qui bouge puis il découvre qu’il peut agir sur son environnement et, dès que sa motricité le lui permet, il désigne les choses et les touche. A partir de neuf mois, le bébé imite sans comprendre ce qu’il voit. Vers un an et demi ou deux ans, il met des mots sur les choses et comprend des expressions de base.
Pour développer ses capacités, l’enfant doit utiliser activement ses cinq sens en s’appuyant notamment sur la relation avec un adulte qui répond à ses sollicitations. Il a besoin, pour se développer, de se percevoir comme pouvant transformer le monde, ce qu’il fait par exemple quand il manipule des objets autour de lui. L’exposition passive à des images diffusées sur un écran ne favorise pas ce type d’interaction et peut au contraire freiner le développement du tout-petit enfant.
Un très jeune enfant exposé à la télévision reçoit un flux d’images et de sons qu’il ne comprend pas et qui peuvent entraver son développement.
Le regard du bébé est capté par l’écran et l’effet calmant qui s’en suit peut donner l’illusion d’un effet positif. Or, au calme de l’enfant capté par l’image va souvent suivre une agitation, mal comprise pouvant paradoxalement amener les parents à augmenter la consommation de télévision.
« À partir de 3 ans, l’enfant est capable de suivre un film ou une émission qui l’intéresse. […] Il croit tout ce qu’on lui montre ou ce qu’on lui raconte. Il est d’abord crédule et il lui faut du temps pour parvenir à faire la part du vrai et du faux. » (Qu’est-ce qu’il y a à la télé ?, Dr Claude Allard et Cécile Dollé, Albin Michel).
L’enfant âgé de 3 à 6 ans réagit avec sa sensibilité. Dans cette période où son langage se développe et où il gagne en autonomie et en expériences en prenant des initiatives et en devenant plus actif, il est important de sélectionner les programmes qu’il visionne et d’en limiter la durée. Parmi ses différentes expériences, celle des images est importante car il construit à cet âge sa sensibilité. Selon ces différentes expériences, il deviendra confiant et offensif ou, au contraire, craintif et défensif.
Il n’a pas de recul par rapport aux images et ne percevra donc pas la différence par exemple entre une publicité et un programme ou encore entre la fiction et la réalité.
Il considèrera comme réelles les images effrayantes qu’il aura vues, sans avoir les mots pour exprimer ce qu’il ressent. D’où la nécessité d’exercer une vigilance particulière et de dialoguer avec lui.
« Après 7 ans, il commence à prendre du recul. […] Il peut donner sens à ce qu’il voit, le relier à son contexte et donc prendre de la distance par rapport à l’effet immédiat de l’image » (Qu’est-ce qu’il y a à la télé ? Dr Claude Allard et Cécile Dollé, Albin Michel).
Entre 6 et 10 ans, la pensée de l’enfant se construit et lui permet de faire le lien entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Dès 6 ans par exemple, l’enfant commence à analyser, à comprendre.
Il commence à avoir une certaine expérience des images et peut les commenter. Il pourrait également vouloir montrer qu’il est capable d’imiter ce qu’il a vu.
D’où la nécessité de lui expliquer qu’il ne doit pas reproduire ce qu’il voit à la télévision de respecter sa sensibilité de jeune enfant en privilégiant le visionnage de programmes pour la jeunesse.