«Tout le monde (du moins beaucoup de monde) est d’accord: les choses, les usages, les gens doivent changer. Là où les divergences apparaissent, c’est dans la manière de traduire cette volonté en actions. La décroissance est une option… Késako? Vous ne connaissez pas, ou que de nom? Alors cet article est fait pour vous !
Explications sur un ouvrage qui présente ce mouvement de façon globale sans être simpliste…
Ça parle de quoi?
Serge Latouche est professeur émérite à la faculté de droit de Sceaux, créateur de la revue du MAUSS (Mouvement Anti-Utilitariste en Sciences Sociales) et directeur du GRAEEP (Groupe de Recherche en Anthropologie, Epistémologie et Economie de la Pauvreté)… Son “Petit traité de la décroissance sereine” s’inscrit comme le dernier volet d’un triptyque, également composé de “Survivre au développement” et du “Pari de la décroissance”. Ayant involontairement commencé ma lecture par le dernier opus de cette réflexion, je vous livre ici un rapide panorama de ce que vous pourrez y trouver…
La 4ème de couverture est assez éloquente :
La décroissance n’est pas la croissance négative. Il conviendrait de parler d’a-croissance, comme on parle d’athéisme.
C’est tout à fait de cela dont il est question : l’abandon d’une foi, d’une religion qui est aujourd’hui tellement intégrée dans notre vie que nous ne voyons plus que par elle. Cette religion, c’est le culte de la croissance, du développement non maîtrisé et de l’économie en tant que fin et non moyen. Les constats de ce dysfonctionnement, aussi simples et édifiants soient-ils (notre empreinte écologique que l’on sait être bien trop importante, les modes de calcul des indicateurs économiques régissant les marché tels que le PIB qui ne tiennent pas compte de l’aspect fini des ressources…) ne sont pas suffisants pour changer notre trajectoire.
La décroissance, c’est possible?
Le concret : c’est une des choses qui m’a le plus séduit dans ce livre. Etant par nature assez pragmatique, je dois dire que je craignais la description d’une utopie, certes nécessaire (les concepts ayant donné lieu à de grandes idées appliquées aujourd’hui sont souvent partis d’idées “folles” et irréalisables en leur temps) mais incompatible avec la nécessité urgente d’agir. Voici le plan de ce petit livre, partagé en 3 axes qui j’en suis sûr, vous parleront :
- Le territoire de la décroissance (définition, analogie, fausses solutions…)
- La décroissance : une utopie concrète (réformiste ou révolutionnaire, le défi pour le sud, le cercle vertueux de la décroissance…)
- La décroissance : un programme politique (programme électoral, est-ce soluble dans le capitalisme, est-elle de droite ou de gauche…)
Ceci étant dit, les 150 pages de ce format poche ne laissent que peu de chance à notre mode de vie actuel. Les mots de Serge Latouche sont percutants, surtout lorsqu’il explique sa vision du “développement” tel que nous le connaissons : une vie à crédit sur la planète et sur les pays du sud, une économie de marché prédominante qui a réussi à nous faire croire que l’accumulation de bien matériels est LA solution au bonheur, la cassure de nos relations locales qui résulte de la mondialisation pilotée par le marché…
Alors que faire?
Les propositions de la décroissance
Serge Latouche a parsemé son livre de solutions concrètes et réalisables, sous couvert de volonté politique et d’implication des individus. Elles suivent dans son livre le précepte des 8 R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler.
La sortie du mode productiviste est une étape indispensable et aussi une des plus difficiles à mettre en place… Selon Serge Latouche, le plein emploi est facilement atteignable : réduire le temps de travail et donc mécaniquement embaucher, redonner la place qu’il convient aux temps de loisirs (développement personnel est plus approprié et moins connoté “consommation”). Le financement? Des mesures qui rappellent pour certaines des débats récents : forte taxation des transactions financières, suppression des paradis fiscaux, intégration du coût du transport dans le prix d’achat des biens, réallocation de budgets “inutiles” (tels que la publicité)…
Les solutions ne manquent pas. Bien sûr, cette révolution (car c’en est une) doit se faire progressivement. Le plus tôt nous irons dans cette direction, le plus progressif cela se déroulera et le moins de dommages collatéraux nous aurons.»
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